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Par Anonyme, le 13.06.2023
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Par lysiane barreteau, le 21.12.2021
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Par belleto, le 24.07.2020
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Date de création : 15.05.2012
Dernière mise à jour :
12.01.2020
73 articles
Dans un atelier d'écriture aux Sables d'Olonne, à partir du livre de Maylis de Kerangal : "Réparer les vivants".
GAETAN :LIVRES QUE J’AIME PLUS QUE TOUT
A l’aéroport de Nantes, Gaétan était là, planté sous l’affichage des vols en partance. Il attendait le vol pour Bodrum, sur la côte turque, en vue d’une croisière vers les iles grecques. Soudain quelqu’un lui prend le bras : « Bonjour Gaétan. J’ai vu ton nom dans cette croisière et cette étiquette sur ton sac de voyage. Moi, c’est Thomas. Tu me reconnais ? »
Surprise et rétropédalage. Dans la tête de Gaétan défilent alors les années d’internat depuis la classe de sixième, le petit séminaire studieux, les jeux en récréation, l’immense dortoir où il n’y avait qu’une table de nuit entre eux deux, l’amitié et les folies de l’adolescence. Puis le grand séminaire, le service militaire, la prêtrise. Depuis ils ne se sont jamais revus. Thomas est devenu missionnaire en Océanie, et Gaétan en paroisse rurale sur cette bonne terre de Vendée.
Thomas à Gaétan : « Tu es toujours curé ? » - « Bien sûr, je suis même embauché comme conférencier biblique dans cette croisière, de la Turquie à Rhodes. »
« Et toi, vieux frère ? » demande Gaétan. « Eh bien moi, vois-tu, j’avais été nommé en Papouasie ». « Je défrichais, je construisais des cases aux habitants… » Et puis un jour, est passée par là une jeune américaine du genre globe-trotter. Elle avait déjà parcouru « Les Indes, Madagascar, l’ile de la Réunion et les Comores, Elle arrivait d’Australie, où pendant trois mois, elle avait partagé la vie de femmes aborigènes dans le nord du pays. Nonne en habit blanc dans un monastère bouddhiste au Cambodge pour un temps, elle avait aussi été fascinée par les femmes Touaregs du Sahara.
Comme j’ai pu le lui écrire, moi Thomas, dans une lettre dont j’ai gardé le double : « Sans que je m’en aperçoive, dès notre première rencontre, tu es tombée follement amoureuse de moi… Nous vivions en silence cet amour naissant… J’étais alors responsable d’un centre de formation de catéchistes dans un petit village de Papouasie. Je cherchais une femme pour me seconder dans la formation des couples. Et tu es arrivée, comme prédestinée. Nous travaillions chacun de notre côté, et le soir, nous nous réunissions pour faire le point. » (Catherine…par C.S. page 19).
Soudain tout s’est emballé.Ce soir-là, dans sa case, couverte d’herbes sèches, la visite s’est prolongée tard dans la nuit. Un tournant décisif dans sa vie et dans la mienne. Quelque temps après, elle m’annonce qu’elle attend un enfant. Devant la difficulté d’un vivre ensemble en couple, nous avons pris quelque distance l’un par rapport à l’autre. Puis elle m’écrit qu’elle se débrouillerait seule pour élever cet enfant. Sans plus attendre elle a pris le train, l’avion et je ne l’ai plus jamais revue. Où est-elle maintenant ? Il y a cinq ans déjà.
J’ai quitté les ordres, à la recherche de ce garçon, de cette fille, peut-être, de cette femme que j’ai aimée et que j’aime toujours : j’ai besoin de réparer les vivants. Cet enfant sait-il qu’il a un père qui l’aime? Si je me suis inscrit à cette croisière, c’est pour apaiser ce tourment et retrouver mes sources grâce à la Bible. Rappelle-toi le temps de nos études sur les voyages de l’apôtre Paul en Asie Mineure, la Turquie où nous allons. »
Et toi Gaétan, le curé parfait, tu t’es contenté de cette vie de célibataire ? Tu n’es jamais tombé amoureux ? Beau gosse comme tu l’étais, tu n’as jamais entendu l’appel des sirènes ?
Gaétan : « Tu m’as connu dans ma gaucherie d’adolescent. Je ne sais pas si tu t’en es rendu compte, mais j’ai été follement amoureux de toi. Je ne voyais que toi, à la chapelle, au réfectoire, dans la salle d’études, mais je ne te l’ai jamais montré, car on nous disait que les « amitiés particulières », c’était dangereux, comme si les foudres du ciel allaient nous tomber sur la tête. Tu n’as rien vu, rien ressenti, ou alors tu as fait le mort. Depuis je ne me suis plus jamais intéressé aux garçons, ni aux filles d’ailleurs, mais aujourd’hui, dans la maturité, plus ça va, plus je me sens bien quand nous sommes entre hommes.
Et puis, je ne sais pas pourquoi, j’ai toujours répugné à embrasser quelqu’un, pas même ma mère, sans doute en raison d’une éducation très stricte dans la famille. Embrasser ? Mais si, peut-être une fois, à la saison des vendanges, en détachant les grappes, mon cœur a chaviré vers une jolie voisine, une partenaire sur le même rang de vigne que moi. Nous nous prenions la main à travers les pampres. J’en ai rêvé pendant trois jours, ou plutôt trois nuits. Puis plus rien.
De retour au séminaire de Luçon j’ai retrouvé les livres et l’immense bibliothèque que tu connais, avec le privilège de consulter celle de l’évêché. Je me délectais dans Suétone, Cicéron, Virgile : ils furent mes amours. Aujourd’hui je suis à l’affût de l’actualité littéraire. J’ai adoré: « Réparer les vivants » de Maylis de Kérangal.
Voyons, dit Thomas, quand je te vois là devant moi, « élégant, simple, décontracté, disponible et avenant, » je me dis, cet homme-là, célibataire qui ne parait avoir aucun attache, même pas une bague au doigt, ce n’est pas possible qu’il n’entende pas, qu’il n’ait pas entendu des appels, parfois très subtils, qu’il n’en ait pas lui-même adressé, même de manière subliminale comme disent le psy.
GAETAN : C’est vrai, et l’on m’a surnommé, mi par plaisanterie, mi comme un reproche « le bourreau des cœurs ». Sans doute n’avait-on pas tort. J’ai reçu des demandes discrètes pour une relation plus suivie, des lettres enflammées, des appels de détresse aussi, mais pouvais-je faire plus qu’être « SOS AMITIE » ? Ce que j’ai pratiqué plusieurs années durant, au téléphone dans un centre d’appel parisien J’ai aussi laissé se développer des amitiés fortes, intimes, mais jamais sans partager durablement mes jours avec quelqu’un du « sexe opposé », comme le dit la chanson. A l’heure du « mariage pour tous » je revendiquais allégrement mon statut de célibataire. Ma philosophie serait plutôt : chacun s’en va, chacun s’en vient au lieu qu’il peut atteindre. Aujourd’hui, sans à priori, je suis curieux de savoir jusqu’où cette croisière peut me conduire.
Dans ma cabine, entre Grèce et Turquie, mes confidences sur l’oreiller iront plutôt à la dizaine de livres que j’ai dans ma valise. J’ai hâte de ces soirées où sur ma couchette, je naviguerai avec Henri Michaux, Thomas Vinau, Joy Sorman, Sylvain Coher, Sylvain Léger, Léonora Miano. Tu pourrais me voir alors, tantôt jubilant, tantôt dépité, grimaçant ou souriant aux anges. Les nuits sont toujours trop courtes pour assouvir ce besoin de rejoindre les auteurs que je découvre, ceux que j’aime comme ceux qui m’insupportent. »
Tout à coup apparait sur l’écran : « Bodrum, embarquement immédiat. » Les deux hommes mettent ensemble leurs valises à l’enregistrement. Gaétan dit à Thomas : « Après cette croisière, je t’inviterai dans ma Thébaïde, clôturée par des pierres sèches, dans la Vendée profonde. Un lieu de béatitude. Chaque fois que je m’y retire, j’aime cette agonie silencieuse à l’heure de chaque soir quand plus rien ne s’appartient et nous laisse endormi parmi tant d’autres. »