homme image merci vie moi monde background bonne roman homme chez france enfants article photo amis fond belle femme société photos travail mort histoire bonjour 2010 divers dieu heureux nuit musique nature femmes cadre fille texte sourire message jeux animaux amitié cadeau carte tube film fleurs livre gratuit google bleu pouvoir cheval voyage air afrique sur papier voiture oiseaux livres bande sport bébé paysage lecture rouge artiste concours saint revenu maison bonne soirée bonsoir vedette element divers
Rubriques
>> Toutes les rubriques <<
· Parcours perso (suite 2) (1)
bonjour. je suis b.b j habite à kenenda relizane algérie je cherche des villes photos de mon village..ci il y
Par Anonyme, le 13.06.2023
bonjour avez vous des photos de le region de palistro-miner ville
Par Anonyme, le 20.09.2022
émouvant le père de françois de l'espinay un prêtre du temps de son passage a beauvoir sur mer qui ma fait réc
Par lysiane barreteau, le 21.12.2021
merci à jacques pour son blog que j'ai lu assidûment et qui est bien argumenté.
m oi je suis arrivé en algéri
Par Anonyme, le 20.10.2021
je m'appelle jennifer leroi veuve française née le 16 juin 1952. je dispose sur un compte bloqué à la banque b
Par belleto, le 24.07.2020
· Des prêtres embarqués comme marins-pêcheurs
· Appelés en Algérie, 1956 & après : I
· TROIS GUERRES AU XX° SIECLE / LETTRES DE SOLDATS
· 1956 Lettres d'un soldat rappelé dans la guerre d'Algérie
· OCEAM aux Sables d'Olonne à la tour d'Arundel
· MAL DE MER
· solitudes
· SAUVER LA MER
· Le temps des soldats rappelés pour la guerre en Algérie
· Joseph Fonteneau, naufragé au large de l'Espagne
· Aumôniers des gens de mer et prêtres marins
· coexister
· Trois marins pêcheurs rescapés d'un naufrage
· Tous dans le même bateau
· Appelés en Algérie, 1956 & après. II
Date de création : 15.05.2012
Dernière mise à jour :
12.01.2020
73 articles
Léon,séminariste à Luçon,
rappelé dans la guerre d’Algérie.
Lettres à ses parents. 1956.
background: black;">I
Introduction
« L’Algérie était considérée comme un groupe de départements français. Des jeunes français de la métropole y étaient normalement affectés pour y faire un service militaire alors obligatoire pour tout jeune homme sauf grave problème de santé. A la demande de renforts provenant de l’état-major d’Alger et du ministre résidant Robert Lacoste, le décret du 12 avril 1956 décida le rappel du contingent 1953-1 (conscrits nés entre le 28 juin et le 15 novembre 1932), puis des contingents 1952-1 et 2, et maintint sous les drapeaux le contingent 1955-1. Le rappel du contingent 1953-1 fut immédiat, celui du 1952-2 (conscrits nés entre le 1er février et le 27 juin 1932) fut annoncé le 12 mai. Des manifestations de mécontentement incitèrent le gouvernement à limiter à six mois la durée des rappels, en libérant les rappelés entre la mi-octobre et la fin décembre 1956. http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3?id_article=96
Voir aussi :
Journal d'un rappelé d'Algérie: Mai-Novembre 1956, 200 jours entre Alger et Djelfa .
Histoire de la guerre d'Algerie en 1956
madoui.chez-alice.fr/madoui.histoire4.html
Extraits du LIVRET MILITAIRE de Léon S. :
Rappelé à l’activité : rejoint le 117ème. R . I , 2ème. Bataillon ,3ème. Compagnie ,au camp de Meucon.,le 17 Avril 1956 ; Fait mouvement vers l’Algérie . Embarqué à Port Vendres sur L’El Djezair le 3 mai 1956 ; Débarqué à Alger le 5 Mai . Stationné au camp de transit de la base d’Alger du 5 au 7 Mai . Dirigé le 7 Mai sur les Trembles , département d’Alger . Stationné à Bir Rabalou du 7 au 25 Mai 1956 . Dirigé sur Tablat , col des deux Bassins , du 25 Mai au 10 Juillet . Stationné à la maison forestière de Tala- Oussen du 16 Juillet au 17 Août . Fait mouvement sur Tablat et stationne au lieu susdit du 17 au 21 Août , dirigé sur Aumale et stationne du 21 au 28 Août . Mis en route avec la compagnie sur Stéphane Gsell et stationne au lieu dit du 28 au 29 Août . Fait mouvement sur Aumale le 29 Août et stationne à Aumale du 29 Août au 5 Septembre . Mis en route sur les Trembles , département d’Alger , le 6 Septembre et stationne au dit lieu du 6 au 27 Septembre . ; Fait mouvement avec la compagnie le 28 Septembre et stationne à Beni Slimane du 28 Septembre au 16 Novembre 1956 .
LEON raconte :
« D’Avril à novembre 1956. SOUVENIRS PERSONNELS : extraits des lettres envoyées à mes parents pendant mes 7 mois de Rappel et que ma mère avait précieusement conservées.
Je n’ajouterai rien ; tout ce que je vais écrire est contenu dans mes lettres mais j’ai passé sous silence ce qui était plus personnel et familial. Je vois aussi que je n’ai pas tout dit à mes parents ».
Dans le train qui nous emmène de Vannes vers Port-Vendres
Le train file, nous franchissons Velluire. J’espère que vous m’avez vu au passage à Nalliers.
Nous avons quitté Vannes à 12h.30 , dans le calme. Beaucoup de cris, de « gueulantes » contre Lacoste.
A Nantes, 10 minutes d’arrêt. Puis traversée de la Vendée. A La Roche arrêt ; tous les vendéens sont descendus du train en criant. Quelques familles étaient là, entre autres une jeune femme avec un bébé sur les bras et qui courait pour voir son mari. J’ai cru que les gars n’en finiraient de monter, ça criait.
Evidemment ça m’a fait un peu quelque chose en passant à Nalliers et en vous voyant tous les deux. Le train quitte Marans, nous filons sans arrêt. Demain de nouveaux rappelés arrivent à Meucon
Texte: Port-Vendres" width="296" height="29" style="float: left; margin-left: 12px; margin-right: 12px;" />Le temps se remet au beau, j’espère que la mer sera calme pour la traversée . . . nous allons longer les Baléares. Je ferai mon possible pour vous expédier cette lettre d’Alger . . . si c’est possible. Le moral est bon.
Jeudi 3 Mai : 13h.
Tandis que vous êtes à table, nous sommes à Port-Vendres depuis 1 heure ¼ parqués dans une prairie au bord du quai ; en ce moment l’El Djezair entre solennellement au port et débarque ses passagers. Nous avons 5 heures de retard : la cause ! Les journaux ont dû vous l’apprendre, les incidents survenus à la Rochelle. Les gars, à plusieurs reprises ont refusé de monter en poussant de grandes clameurs. Puis par 6 ou 7 fois le signal d’alarme a bloqué le train ; total 2 heures de retard. Les soldats étaient calmes, mais il y avait des civils qui nous attendaient sur le quai ; ils ont commencé par distribuer des journaux qui mentionnaient des incidents à Velluire par les rappelés de Fontenay. Ils ont excité les gars : « Ne partez pas, partez chez vous, tirez le signal d’alarme » L’un des meneurs partit alors chercher d’autres civils pour manifester et nous aider quand ils ont vu que les soldats refusaient d’embarquer. Alors la police est entrée en action ; un cordon se met en place autour de la gare, mais ça criait de partout.
Le train s’ébranla mais personne ne monta et le signal d’alarme retentit aux applaudissements des civils rassemblés sur le quai et sur une passerelle au dessus du train. Pas un officier n’intervint, heureusement. Seul un commandant qui se trouvait là voulut s’interposer entre les civils et les soldats. Peu s’en fallut que son intervention ne tourne à la bagarre.
Peu à peu les esprits s’apaisèrent, les soldats remontèrent, mais au démarrage de nouveau le signal d’alarme tandis que les civils applaudissaient. Quel vacarme ! 5 ou 6 fois de suite le signal ! Enfin 2 heures de retard et ils ont gagné la partie en coupant les freins actionnés par le signal d’alarme. A Bordeaux, à minuit, un civil décroche la moitié du train au départ ; le train part à moitié et doit faire machine arrière .1 heure de perdue .A Narbonne enfin, le chauffeur de la locomotive ne voulait pas partir et quelques cheminots essayaient d’exciter les gars, mais le calme a demeuré.
Maintenant les gars vont et viennent dans la prairie, mangent, écrivent, se lavent, tout est calme. Tous les incidents ont été provoqués par les civils et les cheminots. Aussi dans les autres gares d’arrêt (Bordeaux, Toulouse, Narbonne, Perpignan) un cordon de police occupait les quais. Les pauvres, ils en ont entendu ! S’il n’y a pas de meneurs à l’embarquement tout ira bien.
L’embarquement va se dérouler de 5 à 7 heures. Il paraît que nous devons faire escale aux Baléares, malheureux que ce soit cette nuit. En principe nous devons arriver à Alger demain soir.
Dernière minute : Embarquement ce soir, mais départ de Port-Vendres seulement demain matin ; escale dans la journée aux Baléares.
Vendredi 4 Mai :
« Quelque part en mer, entre les Baléares et les côtes espagnoles. Depuis près d’1 heure nous longeons les Baléares. Je suis installé au soleil, un peu dans le vent, tout à fait à l’arrière. Je vais vous décrire ce que je vois pour vous faire participer à mon voyage. Mon papier est sur la rambarde du bateau. Je suis debout.
Sur la gauche, dans le sens de la marche, tout l’horizon est barré par une côte très abrupte tombant à pic sur la mer. Une série de rochers pointus ou estompés surplombe les eaux.
En ce moment un Yacht aux voiles blanches nous croise tout près, tandis qu’une troupe de mouettes nous suit, dans le sillage du bateau. Nous avons longé 2 îles, avec les mêmes rochers auxquels s’accroche un semblant de verdure. Entre 2 rochers, on aperçoit au creux de la vallée quelques maisons blotties près de la rive et, dans le lointain, toujours les mêmes rochers dénudés. Je pense que ce sont les îles Majorques.
Sur la droite, la mer, rien que la mer, d’un bleu foncé, à peine ridée ; le soleil est radieux . . . pas un passager n’a le mal de mer.
A l’horizon vient de surgir, en avant de la côte, un énorme rocher sauvage dominé par un phare ; derrière, la côte semble s’adoucir.
(Je change d’endroit pour mieux voir l’horizon)
Nous venons d’entrer dans la baie immense au fond de laquelle apparaissent les maisons de Palma, avec un vieux château dominant le tout . . .
Je reprends, il est 11h. ½ ; La baie est splendide. Le bateau a franchi l’entrée en ralentissant. Une vedette s’est approchée, un homme est monté à bord et aussitôt le bateau s’est mis à quai. Très peu d’animation sur le quai, 5 ou 6 douaniers, plusieurs taxis aux voitures presque préhistoriques. Pour transporter les bagages vont et viennent des voitures attelées d’ânes et de mulets. Pendant l’escale je suis monté sur le pont et, avec des jumelles, j’ai inspecté toute la ville étagée sur le flanc de la montagne ; de brillants hôtels ornent les quais : Hôtel Majorca, Victoria, etc…
Dans les rues circulent de belles voitures à côté des voitures à cheval pour le transport des bagages. Des jeunes font de la moto, du vélo, du scooter.
Une belle cathédrale domine la ville où se remarquent de ci de là des palmiers et autres arbres méridionaux.
Les quelques passagers civils sont descendus et, sur le pont, on prépare le débarquement de 3 voitures à l’aide d’un palan. Enfin, à 6h.1/4 les sirènes du bateau mugissent, la passerelle est retirée et peu à peu le bateau quitte le quai, l’escale est terminée, Palma s’éloigne peu à peu, la côte disparaît bientôt ; la mer partout !
Il est l’heure de passer à la salle à manger. Auparavant je me fais payer un pastis au bar du bateau. Repas luxueux ! Par les hublots je vois la nuit tomber ; sitôt le café je monte sur le pont aspirer l’air frais du soir, il fait admirablement bon. Je vais et viens en regardant la mer, puis m’enfonce dans la salle de cinéma (un film archi bête, mais j’y vais pour la musique)
A 5h. , samedi matin, debout, cette fois en tenue de débarquement. Café à la salle à manger, puis sur le pont. Déjà Alger la blanche est en vue
Samedi 5 Mai
Venons de débarquer. Il est 7 heures, traversée excellente, tout va bien. Devant nous : Alger, des arabes et beaucoup d’Européens. Partons par car dans un camp d’entraînement pour 15 jours ; où ? Ne vous inquiétez pas.
Samedi soir :
Vous avez dû recevoir ma lettre de Palma et celle à la descente du bateau. Après une traversée excellente, ce matin à 6 heures le bateau accostait au port d’Alger. A 6h. ½, tout le paquetage sur le dos je franchissais la passerelle pour descendre à terre, comme l’on voit sur les journaux ou dans les Actualités. A la descente : don à chacun d’un casse-croûte, d’un paquet de cigarettes, de 2 cartes. Alger est là, ville européenne très animée, mais avec des arabes, des femmes voilées, tout en blanc, ce qui ne manque pas d’une certaine élégance.
Des cars et des camions nous ont conduits dans un camp à Hussein Dey, à quelques Kms. d’Alger. La route qui va à Maison Carrée passe devant le camp. Depuis ce matin, les voitures se suivent dans les 2 sens, on se croirait en France, seulement il commence à faire chaud et le vent nous nourrit de poussière.
Nous allons sans doute quitter le camp lundi, direction ? . . . Le camp est bien aménagé avec des lits sous des tentes de 20. Nous sommes tous les sous officiers ensemble, ceux de la compagnie. Vous voyez, tout va bien.
Mardi 8 Mai :
.Après presque 8 jours de nomadisme, nous voici enfin arrivés à destination .. . . Après 2 jours au camp d’Alger, à Hussein Dey, hier matin, lundi, nous embarquions en train à 7h. , wagons à bestiaux.
Par Maison Carrée, Maison Blanche, Alma, Belle Fontaine, Monnerville, nous arrivons aux fameuses gorges de Palestro ; là, paysage dont je n’ai jamais vu l’équivalent . . . A 12h. , nous débarquions à Bouira ; de là, à 4h. Un convoi bien défendu se formait qui emmenait la compagnie à 2 kms. De Bir Rabalou, dans une ferme.
C’est donc dans une ferme française que nous sommes installés depuis hier soir. Les propriétaires sont absents et même ont de la chance d’être encore en vie. Il y a 26 jours, en pleine nuit, les rebelles sont arrivés à la ferme ; après avoir défoncé les portes, ils ont incendié la maison d’habitation. Ce sont les arabes qui travaillaient là qui nous l’ont raconté. La maison est en piteux état, tout est calciné, détruit, sauf 2 pièces qui sont intactes et où logent les officiers et le bureau. Granges et écuries sont intactes aussi ; nous logeons dans les granges avec une bonne couche de paille et 2 couvertures ; il n’y fait pas froid. Les arabes étaient contents de nous voir arriver ; l’un d’eux disait « depuis 25 jours nous ne dormons pas, nous craignons toujours le retour des rebelles ».
... Dans les ruines de la maison j’ai retrouvé plusieurs numéros de « Vie Catholique », « Familial digest », « Bernadette », des images religieuses, un grand crucifix. ; Les arabes sont sympathiques, avec une nuée de gosses qui vont et viennent, vous regardent avec de grands sourires. . . .
Nous sommes une compagnie entière, bien armés, avec sentinelles permanentes et doublées la nuit. A 1 km. , sur une colline, se trouve la deuxième compagnie ; le pays est infesté de soldats, l’aviation survole le pays toute la journée, la circulation sur les routes n’étant autorisée que la soirée, avec un couvre-feu à la tombée de la nuit.
Le déjeuner est terminé, sieste jusqu’à 2h. ½, ensuite un peu d’instruction.
Coup de théâtre ! Les propriétaires viennent d’arriver à la ferme, dans une superbe 203 et ont littéralement « engueulé » le capitaine, l’accusant de violation de domicile, et en public, devant tous les soldats. C’est écœurant, les soldats sont outrés .C’est pour eux que nous sommes là et c’est à peine s’ils consentent à nous voir ! Maintenant les arabes déblayent les décombres de la maison.
Il est 2h. , la chaleur est presque accablante, dans le ciel planent, avec souplesse et grâce, des cigognes, il y en a beaucoup par là
Les journaux n’auront point parlé de la visite de Max Lejeune au camp de passage des rappelés, à Alger, dimanche la soirée . . . il a été plus vite parti qu’il ne le désirait ; les rappelés lui ont fait comprendre par leurs cris hostiles qu’ils ne l’aimaient pas tellement.
11 Mai :
Aujourd’hui, fête de l’Ascension. Le capitaine a obtenu que le prêtre de la deuxième compagnie vienne nous dire la Messe. Je prie pour ces Algériens qui circulent autour de moi et s’affirment musulmans convaincus ; c’est le Ramadan (qui finit demain) et .ils n’acceptent rien dans la journée.
C’est la section qui assure la garde de la ferme dans la journée et toute la nuit ; je suis chef de poste, je viens de faire une relève et reprends mon écriture. L’instruction est commencée, nous avons creusé nos emplacements de combat et hier exercice de patrouille aux environs de la ferme. Le secteur est à peu près calme.
Dimanche, au camp d’Alger, j’ai rencontré Robert Berland débarqué du matin ; nous nous sommes retrouvés avec Guilbaud, Chauveau et Bardreau. J’ai dans mon groupe un gars de Saint Vincent, un Bossard dont les parents habitent près des parents de Monique Bossard.
La chaleur monte !Il est l’heure de la soupe.
Lundi 14 Mai
Depuis jeudi, pas grand chose de neuf. On est heureux ici et j’y passerais volontiers mes 6 mois. Hélas ! La fin de la semaine me trouvera à environ 50 kms. D’ici ; nous partons vers Tablât où nous logerons dans la nature . . . L’instruction se poursuit normalement : 2 marches ont été faites, 10 et 20 kms. ; Ce n’est pas la route qui fatigue mais la chaleur . . . par contre le soir dès 8h. Il faut le pull et la chemise si on ne veut pas grelotter ; les nuits sont plus que fraîches.
Le secteur est toujours à peu près calme. Notre lieutenant prend son travail au sérieux, les gars rouspètent mais marchent. Ce soir je suis de garde.
Vendredi 18 Mai..
. 1 Mois d’aujourd’hui que j’ai revêtu le costume militaire . . . à défaut de l’esprit militaire. Nous sommes toujours dans notre ferme ; le départ est repoussé à la semaine prochaine. J’ai reçu 2 de vos lettres, je les attendais ; presque 15 jours sans nouvelles, c’est long.
Que maman ne s’inquiète pas pour la nourriture. Donner un menu est chose assez difficile : toujours une petite entrée, puis de la viande avec des légumes, haricots, patates, ou des pâtes ; puis dessert (figues ou pommes ou confiture) ; le tout arrosé d’un quart de vin ; pain à volonté. Ce qu’il y a est toujours bien préparé ; seulement la variété manque notablement et parfois la quantité, mais avec la chaleur qui croît on n’a vraiment pas grand faim. Chaque jour, de Bir Rabalou monte un camion foyer où on trouve un peu de tout.
Pour le travail quotidien, là il faut bien avouer que la chaleur le rend chaque jour plus pénible.
Lever à 6h.1/2, toilette, jus ; à 7h.1/2 rassemblement, envoi des couleurs, départ à l’exercice par section ou toute la compagnie ensemble. A 11h. Ou 11h ½ fin du travail, repos jusqu’à la soupe à 12h. Puis sieste jusqu’à 3h, rassemblement, travail jusqu’à 6h. Ou 6h. ½ ; souper à 7h. Repos, couvre feu obligatoire pour civils et militaires à 9h. . Ce matin nous sommes rentrés à 10h. , les gars étaient fatigués et le lieutenant aussi.
J’ai touché ma première paye, pas très élevée mais c’est pour le séjour en France : 12.064 FRS ; plus 5213 que vous avez reçus. La prochaine paye doit me procurer : 36.140 et vous de 15 à 20.000 frs. Où en sont les rappels de la 52/2 ?
Cette nuit, garde ; 1 nuit sur 4 !
Lundi 21 Mai
. . . Après 15 jours ici nous partons demain matin direction : le Col des deux bassins, au dessus de Tablât, sur la route d’Alger ; secteur à peu près calme paraît il.
Quelles ont été vos vacances de Pentecôte chez Marie Madeleine, à Tours ?
Hier nous avons fêté la Pentecôte ; dans la soirée un magnifique orage s’est abattu sur toute la contrée. Et pour agrémenter le tout, petite alerte vers 4h. Qui s’est terminée par une promenade matinale dans les environs ; nous étions à 2 compagnies. L’opération a été relativement payante : quelques effets militaires ; nous avons arrêté 17 hommes et ramené 7 comme suspects ; cachés dans les blés ils n’avaient plus aucune arme, pas même un couteau de poche. Le tout s’est passé dans le plus calme, pas un coup de fusil. La bande a été vendue, hier, par un arabe arrêté qui avait lui-même livré des armes. Evidemment à notre arrivée le dépôt de munitions était vide et le chef n’a pas avoué.
Jeudi 24 Mai :
C’est donc mardi matin qu’un convoi de 13 véhicules a quitté la ferme de Bir Rabalou à 7h. ½ du matin. Nous avons suivi la route qui, par les Trembles, Seriet, nous a mené à Tablât.
Tablât petite ville toute neuve avec des maisons couleur crème, aux volets rouges ; de petits jardinets avec clôture et plein de fleurs, surtout des roses . . . tout cela dans un cadre sauvage magnifique.
De là le convoi a repris la route ; en l’espace de 10 KMS ; nous avons monté de plus de 500m. d’altitude, par une route en lacets taillée en plein flanc de montagne surplombant d’immenses vallées abruptes boisées au fond desquelles coule un oued. Au plan touristique, voyage intéressant.
Vers 10h. le convoi arrivait au Col des deux Bassins, à 916m. d’altitude. . Une auberge, 2 maisons forestières, un petit magasin arabe, 2 ou 3 garages, un petit bijou d’école avec logement d’instituteur, voilà le village du Col. Il s’étend sur environ 150 m. le long de la route nationale qui descend sur Alger. ; A l’horizon, partout d’immenses forêts de sapins couvrant les versants des montagnes ; décor incomparable ; la nuit, les chacals qui rôdent font entendre leurs miaulements.
A notre arrivée nous avons trouvé en place une batterie d’artillerie et un peloton de gendarmerie. Les artilleurs ont décampé le soir et nous avons occupé les logements. Les sous officiers logent dans de petites chambres. Les 3 de la section ( Henri Chiron , Alphonse Teillet et moi ) avons une gentille petite chambre où nous sommes très bien : un lit de camp , une paillasse , un sac de couchage , 3 couvertures , avec ça on dort pas mal du tout , surtout quand les volets sont fermés . Une petite table, une cheminée, une ficelle pour le linge, des clous dans les murs pour suspendre arme et habits, voilà un peu tout le mobilier . . . .
(Là se situent des réflexions plus personnelles sur mes 2 cochambristes, des éloges)
L’autre soir nous avons récité notre chapelet ensemble.
Pour les sous officiers nous avons notre Mess dans le logement de l’instituteur absent ; avec une cagnotte nous nous proposons d’améliorer l’ordinaire. Le secteur est à peu près calme. D’ailleurs le camp est bien protégé. : Double rangée de fils de fer barbelés, postes de combat, notre armement, 2 auto mitrailleuses des gendarmes, plus un half track avec mitrailleuses . . . et nous sommes sur une hauteur. Sur la route circulent des cars, des voitures civiles, des camions et des convois. . . . Nous avons touché un chapeau de brousse pour remplacer les casques.
Au Mess, pour fêter la fête des Mères nous avons décidé de nous payer l’apéritif et de petits gâteaux.
Samedi 26 Mai :
Actuellement le bataillon termine juste son installation dans le secteur de Tablât. Vraiment nous sommes privilégiés car nous avons des logements assez convenables, tandis que d’autres compagnies sont perdues en pleine forêt, obligés de construire des pistes pour permettre aux véhicules de les atteindre.
Notre chambre prend tournure chaque jour, on s’installe peu à peu. Au dessus de la cheminée un carton fixé au mur porte 3 photos : une pour chacun ; moi j’ai mis celle où vous êtes tous les deux. Et, dominant la chambre, un crucifix rustique fait de 2 bois assemblés. Le soir, avant de nous coucher, nous récitons ensemble une dizaine de chapelet devant notre crucifix.
Depuis 2 soirs aussi, nous faisons un grandiose feu de cheminée et faisons la veillée en commun ; le premier soir nous étions à 7 ou 8 à chanter, discuter, rire. Hier soir, réunion de séminaristes terminée par une prière . . . et ensuite nous nous sommes endormis à la lueur des bûches qui se consument.
Jusqu’ici nous avons déboisé au dessus du camp pour augmenter le secteur de visibilité. Hier la soirée, commencement de la visite de notre zone à nous départie. Terrain très pittoresque mais tout en montées et descentes abruptes et sans fin, ce tantôt, visite d’un autre coin ; pas de trop grandes chaleurs. Comme civils français ici : un garde forestier avec sa femme institutrice et 2 enfants, une fille et un garçon ; ils habitent en face de notre demeure. J’ai trouvé un jeune algérien qui lave le linge, c’est très intéressant.
Ce soir nous prenons la garde : 1 nuit sur 4, mais nous coupons la nuit en deux.
Notre Mess commence à se monter : depuis hier soir nous avons des assiettes, c ‘est bon ; la margarine remplace le beurre. Hier tantôt nous avions un invité, un sergent de passage qui attendait une escorte pour descendre à Tablât. Nous sommes bien placés pour voir de tout, sans cesse passent des convois. Le colis annoncé n’est toujours pas arrivé
Dimanche 27 Mai :
Il est 5h. De l’après midi ; dans une heure la section quitte la garde. Je viens de boire une orangeade avec des camarades, au foyer. Assis sur le coin de mon lit, devant la table, par la fenêtre je contemple un coin de l’immense forêt de sapins qui s’étend sur 900 m. d’altitude ; le soleil commence à décliner, les oiseaux chantent ; sur la route on entend siffler, chanter ; de temps en temps les enfants du garde forestier passent en courant et s’amusent . . . malgré tout, ce soir je suis un peu mélancolique ; heureusement à plusieurs on se soutient.
Voilà un peu ma journée : Lever à1h. ¾ ce matin, nous étions de garde et comme d’habitude nous partageons la nuit à 2. J’ai pris de 2h. au réveil, à 7h. ½ le dimanche ; relèves à 2h. , 4h. ,6 h. rondes entre temps . A 8h. jus au Mess, lever des couleurs, toilette. A 9h. je descendais à Tablât chercher le prêtre ; petit voyage d’agrément. Messe à 11h. ¼. A 12h. déjeuner. Nous avons pris apéritif et petits gâteaux pour marquer la fête des mères et avons porté des « santé » à nos mères, épouses . . .
Soirée : sieste, lecture, relève à 4h. un tour au foyer et j’écris. Le peloton de gendarmerie descend à Alger et va emporter le courrier qui partira demain.
Petite vie tranquille en attendant les fellaghas en priant le Bon Dieu de ne jamais en voir.
Nous faisons notre ravitaillement nous-mêmes ; placés sur la grand route qui vient d’Alger, nous arrêtons les camions civils chargés de ravitaillement ; le sergent d’ordinaire voit si quelque chose l’intéresse, se sert, paye et le tour est joué.
Que se passe t il en France ? . . .
Mardi soir 29 Mai -
C’est à la lumière de notre bougie de la chambre que je vous écris. Je viens de discuter chez nos voisins en dégustant une bière et avant de me coucher, voici un petit bonsoir.
Pas beaucoup de nouvelles depuis avant hier, vie toujours tranquille ; le matin on reste au camp, la soirée on va reconnaître une partie de notre secteur, ici ou là. Hier la soirée, reconnaissance plus longue et rentrée assez tard, mais le lever a été retardé à 7h. ½
Hier la matinée, nous avons fouillé et contrôlé tous les véhicules de passage, surtout les cars. Ca ne manque pas d’intérêt, mais ça me fait de la peine de faire lever les mains en l’air à des hommes souvent très braves, surtout à des gosses de 13, 14 ans ; ce n’est pas beau la guerre !
Heureusement les gars « gueulent » toujours contre les arabes, voudraient tous les tuer, mais en réalité se conduisent bien avec eux. En tous cas, personnellement, je ne permettrai jamais que mes gars brutalisent des gens souvent innocents. Souvent au cours des randonnées je prie pour ces gens qui me font tant pitié ! Voyons je me laisse aller, mais j’y pense tellement !
Jeudi 1 Juin :
Aujourd’hui j’ai cru que je n’arriverais pas à lire tout mon courrier : 6 lettres, le courrier commence à se débloquer. J’espère que mes lettres vous parviennent régulièrement . . . je vous écris à peu près tous les 2 ou 3 jours et pense continuer à ce rythme, ce n’est pas le temps qui manque. Nous avons toutes nos matinées libres et la soirée jusqu’à 3h. le temps de la sieste ; ensuitepetite visite de notre secteur de surveillance ; nous commençons à le connaître parfaitement ; d’ici peu nous commencerons la visite plus complète : 2 douars très gros sont fidèles, un seulement est suspect. Pour nous secteur toujours calme. En somme, vie rêvée ! Mais on finirait par s’ennuyer. Le service social de l’armée nous fournit des tas de revues, de tout, même « La Vie » et le Pèlerin, et de toutes les dates.
Ce soir je vous ai envoyé un mandat de 30.000 frs. , j’ai gardé 9.000 frs.
Nous avons un foyer pour nous rafraîchir, mais l’eau aussi est bonne, à condition de ne pas en abuser. Guilbaud (de Pouillé) loge en face de ma chambre ou presque, nous nous voyons à longueur de jour. Bardeau est à une compagnie très mal installée, mais n’en parlez pas chez lui ; Joseph Boisseau y est aussi. Nous sommes d’emblée la compagnie la mieux installée et tous les autres nous envient. Bossard est dans ma section, mais depuis ce matin il est à l’infirmerie, ce n’est pas grave.
Il se fait tard, j’arrête ; demain les gendarmes vont à Alger et emporteront la lettre.
Lundi 4 Juin :
Assis sur le coin de mon lit, avec toujours le même paysage de forêt devant les yeux, par la fenêtre, j’écris en attendant l’arrivée du courrier. Il arrive vers 11h. Par l’escorte qui descend à Tablât, tous les matins.
Hier, nous avons eu une belle journée de dimanche. Il ne faut pas grand chose pour faire plaisir, le simple fait de changer de tenue. En effet, nous avons touché une tenue de toile, tenue claire, crème, très bien, tenue d’été. C’était la première fois depuis le bateau que nous quittions le treillis pour prendre une tenue propre, tenue de dimanche ; ça fait du bien d’être propre de temps en temps. Le seul inconvénient c’est que la tenue est extrêmement salissante, et . . . laver !
La journée a été bonne ; Messe à 11h. , c’était à mon tour de diriger les chants.
Déjeuner : apéritif, viande, frites en abondance, salade, dessert, digestif ; il y a longtemps que nous n’avions fait un tel repas. Après à 2h. , à 5 sous-officiers nous avons profité de l’escorte qui redescendait l’Abbé à Tablât pour aller faire un tour. Toute la population était descendue des montagnes ; le spectacle était unique ; des hommes en burnous blancs, à pied, ou à dos de mulets, se saluant avec force gestes et embrassades ; des hommes, des gosses, pas une femme ! Et nous, nous déambulions en grande tenue, l’arme à l’épaule ! Nous sommes remontés au col où nous attendait un air plus sain, beaucoup moins chaud. Repos, puis souper. Après, notre section prenait la garde ; mise en place des sentinelles. Je m’apprêtais à aller au lit, étant de faction à 6h.1/2 ce matin, quand subitement le capitaine a réclamé une escorte pour descendre à Sakamody ; étant le seul sergent libre à la section, j’y suis descendu. Tout s’est bien passé ; la nuit n’a pas été très longue puisqu’à 1h. ½ je prenais la garde . . .
Je ne sais pas ce que disent les journaux de France et la radio, mais notre secteur est calme . . . Evidemment il y a eu les 21 tués des gorges de Palestro, dans le coin, mais il faut dire qu’ils ont commis une grave imprudence . . . ils ont accepté d’aller manger chez des arabes et après un bon repas, n’ayant plus contrôle d’eux-mêmes, ils ne pouvaient plus rien faire. (Nos renseignements étaient ils bons, aujourd’hui en 2009, je me pose la question)
Samedi la soirée, petite visite de mechtas ; avec un groupe j’en ai fouillé 2, contrôlant les identités, évidemment rien. Au retour , au détour d’un chemin , je trouve un arabe ( environ 50 ans ) portant du bois ; à notre vue , le pauvre , était affolé ; il avançait une main en l’air , tremblant comme une feuille morte ; quand je lui ai dit que sa carte était en règle , qu’il pouvait passer , je l’ai soulagé visiblement ; pauvre homme , il me faisait pitié ; en principe son village est fidèle.
Les maisons visités étaient propres, toutes sur le même modèle ; des bâtiments disposés en rectangle entourant une cour intérieure à ciel ouvert ; chaque pièce comprend, sans séparations, une partie pour les animaux, une partie pour la famille. A l’intérieur il fait plus noir que dans un tunnel ; il n’y a qu’une petite ouverture, la porte ! Pour faire une fouille en règle il faut des lampes électriques et beaucoup de patience pour fouiller un tas de coins et recoins encombrés de grandes jarres en terre et de toutes sortes de choses. Les arabes de samedi parlaient bien le français et visiblement ils avaient la conscience tranquille.
Tous les sergents nous avons envoyé une lettre à « ASTRA », lettre de félicitations, en espérant qu’ils nous enverront un colis gratuit d’Astra. (La société n’a jamais répondu)
Cet après-midi j’ai présenté la Garde à un Colonel d’Aumale. 1h.1/2 de prise sur la sieste.
Mercredi 6 Juin :
Aujourd’hui, dans la soirée, repos pour toute la compagnie, donc pas de sortie. C’est qu’hier, nous avons vécu une journée d’emblée la plus dure depuis notre arrivée. Dans la nuit de lundi à mardi, à 11h. ½ départ en camions, toute la compagnie. A Minuit ½ nous
Commencions une marche difficile dans la vallée de l’Oued Isser, parfois dans le sable, parfois dans des roches et des cailloux, et dans l’eau de l’oued. Marche jusqu’à 4h. ½. là une ½ h. de pause, puis marche de nouveau d’environ 3 kms. ; Là nous étions en position pour l’opération, tandis que la 1ère. Compagnie arrivait en face ; un avion de reconnaissance arrivait. Nous devions cerner un souk, un marché, situé en pleine campagne avec seulement quelques bâtiments tout autour. Les marchés ont lieu le mardi, c’est le rendez-vous de toute la région ; à ce marché a lieu un trafic d’armes pour les rebelles. Seulement notre arrivée avait dû être éventée, malgré toutes les précautions car quand nous sommes arrivés le souk était vide, à peine une vingtaine d’algériens pour nous accueillir ; donc opération manquée complètement. Seul un arabe a été arrêté, figurant sur la liste des suspects ; nous l’avons remis à la gendarmerie qui nous accompagne à chaque opération. Nous sommes restés 1h. ½ au souk .
A 9h. un hélicoptère est venu chercher un soldat qui s’était démis une épaule . . . Nous avons marché de 9h.1/2 à 13h. , sans arrêt, en pleine chaleur, au moins 30 degrés ; plusieurs ont été fatigués, pour moi j’ai tenu le coup plus que je ne croyais. Evidemment, une fois arrivés, nous étions tous morts. Nous avons d’abord rallié la première compagnie ; j’ai retrouvé Emile Gourraud ; les sergents, nous avons été invités au mess de la première compagnie ; nous n’avions pas faim, mais une soif ! A 3h, par Seriet, Tablât, nous avons regagné le col ; une bonne toilette, un léger repas et au lit jusqu’à 7h.1/2 ce matin
. . . Le journal de ce matin est réconfortant au point de vue Algérie : 210 villages se ralliant, 2 P.C. détruits, aspirant Maillot abattu). Pour avoir le journal, chaque matin, nous arrêtons un car qui descend d’Alger et nous payons le journal ; mais nous n’avons pas de nouvelles de France ; il paraît que la situation est assez mauvaise ; bientôt il faudra aller rétablir la situation en France ; est ce vrai que des rappelés prennent le maquis ? . . . Et maintenant je vais aller la soupe ; nous ne faisons que rire, discuter, chahuter, quelle ambiance ; vous voyez on ne s’en fait pas . . .
Vendredi 8 Juin :
Aujourd’hui le temps s’est rafraîchi . . . ce matin la vallée disparaissait dans les nuages. Au point de vue climat, il paraît que ce coin est l’un des plus sains de toute l’Algérie ! Depuis le retour de notre opération, repos complet ; nous n’avons rien à faire, absolument rien.
Le journal de ce matin nous apprenait l’arrivée des rappelés de l’Ouest !
Lundi 11 Juin
Ce matin, brouillard ; ce temps a fait annuler la sortie prévue. Aujourd’hui rien à faire ; nous ne sortons en opération que sur renseignement, ce qui est assez rare.
La Croix Rouge nous a envoyé quelques jeux, entre autres un jeu de volley-ball ; Pierre Barbarit et moi l’avons installé samedi soir ; depuis il ne chôme pas. Autrement nous jouons aux dominos ou à la bataille navale ; la capitaine fait du bridge. Heureux d’apprendre par vous que des rebelles ont coupé la route de Tablât avec des rochers ; ils ont scié des poteaux électriques, coupé des routes, mais pas vu de rochers.
Mercredi 13 Juin :
Comme par hasard, aujourd’hui, la section est de garde .J’ai pris cette nuit d’1h. ½ jusqu’au réveil. Dans la journée à tous les 3 (sergents) nous assurons les relèves et les corvées. Hier la matinée petite promenade dans la forêt sentant bon la rosée et la menthe ; fouille de mechtas, sans succès, simple déploiement de force ! Avant hier, à Tablât un français a été tué sur la route et sa voiture incendiée.
Si j’en crois les journaux , la classe 52/2 de l’Ouest est affectée au secteur de Palestre , secteur plutôt mauvais jusqu’ici . Je continue à 1h. ½ ; en fin de matinée suis descendu en escorte à Tablât pour la liaison quotidienne ; la différence de température est incroyable .
Jeudi 14 Juin
Ce soir . . . je n’écrirai pas longtemps parce que je suis fatigué. Ce matin , partis à 4h. ¼ ; nous avons fait un ratissage dans le secteur de Sériet qui , depuis quelque temps , s’agite un peu . Nous avons marché de 7h. à 1h. à travers tout terrain . Nous avons tout fouillé sur notre passage . Je vous assure que les mechtas je sais comment elles sont faites . J’ai vérifié des cartes
et des cartes d’identité ; puis après il fallait fouiller . Pour moi , tandis que mes gars fouillaient de temps en temps j’essayais de calmer les femmes apeurées et gueulantes et surtout les enfants , ces pauvres gosses qui pleuraient en se serrant contre leur mère . Quelques tapes amicales et un sourire parvenaient parfois à les calmer . Et en faisant cela on fait peut être autant pour la pacification qu’en détruisant tout et en saccageant . Vraiment je ne suis pas fait pour être militaire , mais pour bénir et apporter la paix du Seigneur . Quel boulot de malheur il faut faire parfois , ça me fait mal et pourtant il faut le faire et ne jamais se fier aux apparences . De temps en temps , au milieu de ces gens , je les offre au Seigneur , c’est encore ce que je peux faire de mieux pour eux .
Opération sans résultat ; j’ai quand même découvert 2 cartouches de fusil de chasse dans une maison , mais fusil introuvable . On a emmené le type !
Mercredi 20 Juin
Il est pourtant 4h. de l’après midi , mais il fait encore chaud , mais si nous étions à tablât ! C’est une fournaise . C’est hier que nous avons eu la première piqûre contre le typhus ; aucune réaction . . . la preuve c’est que ce matin nous avons fait une petite sortie dans le djebel . Ce soir encore nous prenons la garde ; pour moi : d’1h.1/2 à 6h. ½ du matin . L’aumônier , l’Abbé de Lespinay , doit venir à Tablât dans 3 semaines .(J’espère que papa a eu du succès aux examens) .
Vendredi 22 Juin
J'aime8
bonjour avez vous des photos de le region de palistro-MINERVILLE
Ecrire un commentaire